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Gouvernance et citoyenneté

Elections européennes - 23.04.2019

"Les citoyens appellent à un vrai changement", déclare le Président du CCRE dans Euractiv en vue des élections européennes
Si l’UE veut regagner la confiance des citoyens après les élections européennes, elle doit renforcer ses liens avec les villes et les régions, a déclaré Stefano Bonaccini à EURACTIV.com.

Stefano Bonaccini est président de la région Émilie-Romagne et du Conseil des Communes et Régions d'Europe (CCRE). 

Nous sommes à quelques semaines des élections européennes. Pour certains, ces élections seront les plus cruciales de l'histoire de l'UE. Partagez-vous ce point de vue ?

Je n’oserais pas dire qu’il s’agit des élections les plus cruciales de l’histoire de l’UE. Mais il est certain qu’elles se dérouleront dans un contexte politique inédit. Nous ne savons pas encore comment les choses évolueront, mais il semblerait que le Royaume-Uni s'apprête à quitter l'UE sans un accord, avec un impact économique désastreux pour tous. Le populisme se propage aux quatre coins de l’Europe. De nouveaux types de manifestations, comme les « Gilets jaunes », apparaissent et contribuent à une certaine méfiance à l’égard de la politique.

Mais sur le terrain, on voit que les citoyens réclament un changement, ils appellent à mettre fin au status quo. C’est ce qu’ils ont fait il y a quelques semaines lorsque des milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour nous demander de doubler nos efforts pour lutter contre le changement climatique. C’est notre devoir de les écouter.

D’après vous, quels seront les principaux sujets de cette campagne ?

La migration, la sécurité, le nationalisme, le climat, la durabilité, la cohésion, l’emploi et l’Europe dans le monde.

Quel devrait être le rôle des dirigeants locaux et régionaux dans cette campagne ?  Devraient-ils rejoindre la campagne ? 

Les dirigeants locaux et régionaux devraient jouer un rôle actif dans cette campagne. Les citoyens vivent l’Europe dans leurs villes et leurs régions, et c’est là que nous pouvons regagner leur confiance. 

C’est pourquoi, tout au long de cette année nous menons campagne pour que l’Europe prenne un virage local. Pour y parvenir, nous avons présenté une série de propositions, dont un renforcement de la transparence dans le processus décisionnel européen, le maintien du budget de la politique de cohésion, la création d'un Erasmus pour les villes et les régions ou la promotion de dialogues locaux avec les citoyens.

Avec notre campagne #Power2Her, nous appelons les partis politiques à inclure davantage de femmes candidates à des postes de premier plan. Nous sommes scandalisés, bien que les femmes représentent plus de la moitié de la population de l’UE, elles ne représentent qu’un tiers des députés européens.

Comment concilier les affaires locales et européennes dans cette campagne ?

Les Européens ne veulent plus de la politique à l’ancienne. Ce sentiment a longtemps été exprimé par la population. C’est pourquoi l'UE doit repenser sa politique, pour cela elle doit renforcer ses liens sur le terrain.

L’idée de définir les Objectifs de développement durable (ODD) en tant que principes directeurs de toutes les politiques se développe. Compte tenu du fait que 65% des Objectifs de développement durable ne peuvent être pleinement atteints sans la participation des villes et des régions, l'UE et les gouvernements nationaux doivent faire équipe avec nous.

De son côté, l'Accord de Paris nous oblige à adopter une économie à zéro émission. Toutefois, les politiques de l'UE dans ce domaine ne seront jamais opérationnelles si elles ne tiennent pas compte des besoins des villes et des régions et de leur capacité à fournir des résultats à leurs citoyens.

L'UE doit renforcer ses liens avec les territoires, mais aussi avec ses élus. Par exemple, en créant un programme Erasmus pour les territoires afin de permettre aux élus locaux et régionaux et aux fonctionnaires de comprendre le fonctionnement des institutions européennes et d’échanger avec leurs pairs sur la gouvernance locale et européenne.

On parle beaucoup de la nécessité pour les États membres d’informer sur les avantages de l'UE. Les villes et les régions font-elles leur travail dans ce domaine ?

Oui, absolument, et c'est tout à fait nécessaire. Seul un tiers des Européens sont conscients de l’impact que la politique de cohésion a dans leur vie quotidienne. Pour remédier à ce manque de sensibilisation, depuis début 2018, le CCRE et la Commission européenne ont organisé 60 dialogues citoyens dans différentes villes et régions de huit États membres de l'UE. Les 4 000 participants montrent clairement que les citoyens veulent savoir comment l'UE investit dans leur vie quotidienne. Cela montre également qu’en fin de compte, rien ne peut remplacer un dialogue direct avec les citoyens. 

Quel rôle les villes et régions devraient-elles jouer dans la mise en œuvre des politiques de l'UE ?

60% des politiques locales et régionales sont sous l'influence directe de la politique européenne. Il est clair que les collectivités doivent jouer un rôle essentiel, non seulement lors de la mise en œuvre des politiques de l'UE, mais également lors de la conception des futures politiques.

De par leur ancrage, les maires et les élus locaux sont dans une position unique pour comprendre les besoins des citoyens et ainsi assurer que la législation européenne soit en phase avec la réalité. C’est essentiel pour garantir des politiques européennes efficacement délivrées aux citoyens. 

Que suggéreriez-vous à la prochaine Commission européenne pour renforcer le rôle des dirigeants locaux et régionaux dans le processus décisionnel de l'UE ?

Premièrement, être plus ambitieux que la Commission Juncker. En effet, la Commission actuelle a reconnu la nécessité de mieux associer les villes et les régions à la gouvernance de l'UE, par exemple dans le cadre de l’Agenda urbain de l'UE. Mais nous devons absolument aller au-delà pour répondre aux défis auxquels l'UE est actuellement confrontée.

Cela peut se faire, par exemple, en réexaminant les modalités du dialogue civil européen, en introduisant un statut spécifique pour les organisations représentant les collectivités locales et régionales et la société civile. 

Nous espérons que les recommandations faites en 2018 par le Parlement européen deviendront une réalité, puisqu’elles reconnaissent le CCRE comme partenaire clé des institutions de l'UE et proposent un mécanisme de dialogue structuré permanent, en particulier au stade pré-législatif.

Face à la montée de l'euroscepticisme, du nationalisme et du populisme… Les villes deviennent-elles un refuge pour les forces progressistes en Europe, comme certains pourraient le suggérer ?

Alors que les Etats débattent, les collectivités territoriales agissent. La crise des réfugiés de 2015 a illustré à elle seule la difficulté des Etats européens à trouver des solutions communes.

Pourtant, les maires et les dirigeants locaux et régionaux ont poursuivi leur mission d’accueil des réfugiés avec toute leur détermination. Et depuis lors, ils se sont engagés à intégrer les réfugiés dans leurs villes, en coopération avec des entreprises locales, des organisations de la société civile et de nombreux volontaires.

Ce n'est là qu'un exemple parmi d'autres de la façon dont les villes sont, par nature, pragmatiques et loin de la tendance populiste dominante. Mais les maires ne peuvent pas agir seuls.

Comment pensez-vous que les régions et les villes peuvent contribuer à l'intégration européenne, en cette période cruciale pour l'UE ?

Rien ne peut remplacer le contact direct avec les gens et les impliquer dans ce que nous faisons. Ils ont le sentiment d'être entendus et rencontrent des protagonistes politiques avec lesquels ils peuvent être d'accord.

Nous savons que les élus locaux et régionaux sont considérés comme les mieux placés pour expliquer l’impact des politiques européennes sur la vie des citoyens. C’est pourquoi nous sommes tout à fait en faveur de l’organisation d’un débat citoyen annuel dans toutes les villes pour débattre de sujets qui unissent leurs communautés à l’UE.

Et nous ne pouvons pas oublier nos générations futures. Nous devrions garantir aux plus jeunes un avenir de paix, de durabilité et de prospérité. Pour eux, l’Europe fait partie de leur quotidien (ils ont grandi avec l’euro) mais elle est aussi très lointaine. Nous devons parler davantage de l’Europe avec eux.

Les dirigeants locaux et régionaux pourraient contribuer à la promotion de la Charte européenne des droits fondamentaux et de l'histoire de l'Union européenne dans les écoles de tous les États membres, afin de permettre une meilleure connaissance du fonctionnement des institutions de l'Union.
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