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IncluCities

Migration - 09.12.2021

Entretien avec le maire de Capaci : « Mon rêve, c’est une Europe tolérante et accueillante »
La migration est un phénomène mondial ayant un impact local important. Les villes assument une part importante du fardeau lié à la crise migratoire en prenant en charge les nouveaux arrivants. Ce n’est pas une responsabilité à prendre à la légère : cela peut aller jusqu’à sauver des vies. Les villes peuvent également jouir des avantages sur le long terme d’une intégration réussie des migrants. Cela vaut pour les villes et les îles de toute l’Europe, notamment dans le sud de l’Italie. 
 
À l'approche de la Journée internationale des migrants (18 décembre), nous nous sommes entretenus avec Pietro Puccio, porte-parole du CCRE en matière de migration et maire de Capaci. Cette ville sicilienne participe au projet IncluCities visant à améliorer l’intégration des migrants et à développer des villes plus inclusives. Pietro Puccio nous a exposé l’expérience de sa ville en matière d’intégration des nouveaux arrivants et a partagé sa vision d’une Europe à la fois unie, ouverte et accueillante.

Au cours des dernières années, de quelle manière Capaci et le district de Palerme ont-ils été affectés par la migration ? Quels sont les outils dont disposent les communautés locales et les gouvernements locaux pour répondre à la situation dans la mesure où les principales responsabilités et compétences relèvent des gouvernements nationaux ?

Lorsque les responsabilités relèvent des gouvernements nationaux, les collectivités locales n'ont pas une grande marge de manœuvre. Malgré cela, nous pouvons mobiliser toutes les associations locales grâce à des bénévoles actifs et nombreux. Dans notre région, par exemple, un important réseau de solidarité a été créé.

Capaci et Palerme ont peut-être été en marge du phénomène migratoire ces dernières années, dans la mesure où les principales voies d'arrivée étaient celles d’Agrigente, Lampedusa, Raguse et Syracuse, d’où les immigrants ont été directement transférés vers d’autres lieux.

Toutefois, le port de Palerme enregistre également des arrivées importantes ces dernières années. Les associations de bénévoles y jouent un rôle fondamental dans l’accueil des immigrés. Grâce à leur travail, nous avons pu apporter une réponse concrète au nombre croissant de nouveaux arrivants. 

Vous avez souvent affirmé que nous devrions cesser de gérer l'accueil des immigrants dans l'urgence et adopter des pratiques structurées d'inclusion et d'intégration des nouveaux arrivants dans nos sociétés. Si l'on examine la politique de l'UE en matière de migration et d'asile, et notamment à la lumière des récents événements survenus en Afghanistan, il semble que l'UE tente de maintenir la question de la migration à ses frontières extérieures. Que pensez-vous de cette approche de gestion ? 

Il est illusoire de maintenir l’urgence migratoire aux frontières. C’est irréaliste. La crise climatique entraînera de plus en plus de situations de crise dans le monde. L’Europe peut faire mieux. Elle n’a pas besoin de « gendarmes » aux frontières, ni de conclure des accords avec l’illégitime gouvernement libyen ou avec le président turc Erdogan. Si nous voulons éradiquer la honte et l’indignité des camps d’accueil dans les Balkans et ailleurs, si nous souhaitons vraiment apporter une réponse au-delà des crises immédiates, nous devons construire une réponse commune structurée au niveau européen. Si l’Europe ne le fait pas, personne ne le fera. 

Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) a lancé le débat sur la Charte de Lampedusa, dans le cadre de laquelle les gouvernements locaux et régionaux remodèlent une notion de citoyenneté qui sera définie autour de la dignité, des droits de l'homme, de la paix et de la mémoire collective, indépendamment du statut des personnes en déplacement. Que pensez-vous de ce nouveau concept de « citoyenneté locale inclusive » que CGLU développe avec ses membres ?

L’Europe est le berceau de la civilisation mondiale mais elle doit repenser son action sur la base de la dignité humaine et du respect des droits humains de chacun. En fait, cela représente aussi un grand avantage économique. Dans notre région, une commune voisine, Balestrate, possède des hectares de terrain qui sont désormais plantés de mangues. Bien que les mangues soient typiquement des fruits tropicaux, le changement climatique a rendu les conditions météorologiques de la Sicile propices à la culture des mangues. Les migrants peuvent devenir de nouveaux consommateurs et ainsi peuvent créer des nouvelles opportunités et de nouveaux emplois. Si l’Europe veut apporter une réponse globale, elle doit se concentrer sur des conditions de travail décentes, les opportunités d'emploi et le respect des droits humains.

Qu'est-ce que le projet IncluCities pourrait apprendre à Capaci ? Quel serait le plus grand changement que vous souhaiteriez développer dans votre ville ?

Capaci est une ville qui jouit d’une culture d’accueil ancestrale. Mais ces dernières années, cette culture de l’accueil s’est quelque peu perdue. La peur a pris le dessus, l’inquiétude d’avoir un voisin un peu différent. En participant au projet IncluCities, j’espère que la ville redeviendra accueillante, qu’elle ne craindra plus les personnes qui ont une couleur de peau, une religion ou une orientation politique différente. Je pense qu'il s’agit d’une opportunité unique pour notre ville. Ce que je souhaite avant tout, c’est que les nouveaux arrivants ne se cachent plus chez eux, mais qu'ils se promènent, qu’ils jouent avec leurs enfants sur les places, qu'ils fréquentent les lieux publics, qu'ils rencontrent les citoyens de Capaci. C'est le plus beau changement que je puisse souhaiter à cette ville.

En tant que citoyen italien et maire de Capaci, quel est votre plus grand rêve concernant l'avenir de l'Europe ? Quel rôle pensez-vous que les migrations devraient jouer dans la conférence sur l'avenir de l'Europe ?

Dans le contexte mondial, le thème de l’immigration occupe une place centrale. Il suffit de voir ce qui se passe en Amérique du Sud, à la frontière avec les États-Unis d’Amérique ou encore en Europe. Ce sujet doit occuper une place importante et prépondérante dans les discussions de la Conférence sur l'avenir de l'Europe.

Je rêve de l’Europe dont nos pères fondateurs – Altiero Spinelli, Schuman – ont rêvé ; une Europe inclusive, où chacun peut prétendre au droit à la citoyenneté et au respect de ses droits humains.

La pandémie, qui malheureusement continue de sévir, nous a appris une chose cruciale : nous avons besoin les uns des autres. Nous pourrons vaincre la COVID uniquement si chacun d’entre nous se fait vacciner. Si une partie de la communauté n’est pas vaccinée, nous ne pourrons pas la surmonter. Nous sommes tous interdépendants.

Mon, c’est que nous puissions travailler ensemble pour une Europe inclusive, tolérante et accueillante. Une Europe fédérale où personne n’est laissé de côté, où chaque citoyen est estimé et où chaque opinion compte. L’avenir de l'Europe, c’est mon rêve !
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