A l'occasion de 100e anniversaire d'une de ses associations membres néerlandaises, l'Association des municipalités néerlandaises (VNG), le Conseil des Communes et Régions d'Europe (CCRE) a interviewé la présidente de VNG et co-présidente du CCRE, Annemarie Jorritsma. Mme Jorritsma est également maire de la Ville d'Almere.

Le 100e anniversaire de VNG marque le début du mouvement municipal européen et représente un pas important dans l’avancée de la démocratie locale. Dans ce contexte, quel est selon vous le plus grand succès de VNG ?

VNG a contribué au développement d’un « premier gouvernement »  conscient, ouvert, orienté vers les citoyens et auquel chacun peut participer. Notre association s’est développée comme un interlocuteur puissant et permanent vis-à-vis de notre gouvernement national. Par le biais de son rôle de défenseur/lobbyiste pour des collectivités locales fortes et comme fournisseur de services pour les municipalités, elle renforce la qualité des pouvoirs locaux. Les municipalités sont assistées par VNG à l’aide de modèles de règlementation locale harmonisés, de recommandations, de meilleures pratiques, d’un large réseau européen et international ainsi que tout ce qu’une organisation de lobbying peut fournir lorsqu’on a besoin de coordination nationale et d’échange de connaissances. Grâce aux efforts de VNG, beaucoup de lois ont été revues et adaptées aux normes municipales. Cela a aidé les pouvoirs locaux néerlandais à achever et assurer un haut niveau de démocratie locale.

Comment évoluera selon vous le rôle des municipalités et villes dans les cent prochaines années aux Pays-Bas et en Europe ?

Je présage un rôle important pour les municipalités et les villes dans la prestation de services, dans l’amélioration de la qualité de la vie, ainsi que dans la contribution à une démocratie inclusive. Les municipalités sont aujourd’hui confrontées à deux crises. La première est évidemment la crise financière et économique. Les gouvernements centraux opèrent de grandes coupes budgétaires (par conséquent les pouvoirs locaux aussi) et transfèrent de plus en plus de compétences aux municipalités. En plus de cela, les municipalités doivent s’adapter aux tendances démographiques telles que le vieillissement de la population et l’immigration. Les municipalités doivent trouver des solutions innovantes et intelligentes pour répondre à davantage de problématiques avec moins de moyens. La seconde crise est une crise dans la relation entre le gouvernement et les citoyens. Le niveau local joue un rôle crucial dans la résolution de cette crise. En Europe, qui est une entité/arène politique toujours plus grande, il y a un sentiment croissant que celle-ci n’affecte/n’influe pas l’administration publique. C’est pourquoi il est important que les citoyens puissent continuer à participer à la démocratie locale et qu’ils soient codécideurs. Les municipalités sont parfaitement dotées pour satisfaire ce besoin. La démocratie locale, c’est l’avenir. Un gouvernement supranational devrait être contrebalancé par un réseau européen de démocraties locales.

Quels sont selon vous les principaux défis que devront relever les autorités locales et régionales dans les années à venir aux Pays-Bas et en Europe ?

Etre visionnaire. Il est nécessaire d’être visionnaire pour accomplir plus avec moins d’argent et surmonter cette crise dans la relation gouvernement-citoyens. Ainsi, VNG continue à investir et à innover dans ses relations avec ses membres et avec les municipalités à travers toute l’Europe. Dans ce processus, un grand rôle pourrait être joué par les groupes de pression qui sont également membres de VNG et qui partagent des besoins et intérêts spécifiques. Aux Pays-Bas, G4 et G32 sont des exemples bien connus de ce genre de groupes. Le premier représente les quatre principales villes du pays et le second les 34 villes de tailles moyennes. Le défi à venir pour VNG sera de créer plus d’espace pour ces groupes au sein même de VNG pour éviter qu’ils agissent parallèlement à VNG. La nouvelle stratégie de VNG intitulée « Municipalités puissantes, VNG forte » correspond à cette philosophie. A côté de cela, la coopération européenne au niveau local sera remise en question en raison des coupes budgétaires. Par conséquent, il est crucial de toujours regarder vers l’extérieur et de rester ouvert afin de poursuivre cette vision de manière efficace. L’Europe est porteuse de solutions à cet égard, notamment par le biais du soutien budgétaire à la coopération internationale.

VNG est un membre actif au sein du CCRE dont vous êtes co-présidente et également au sein de l’organisation internationale, Cités et gouvernements locaux unis (CGLU). Quel message voudriez-vous envoyer à vos homologues européens et internationaux au nom de VNG à l’occasion de cet anniversaire spécial ?

Un centième anniversaire signifie que c’est l’heure de la réflexion. Nous devrions donc nous réorienter en fonction de notre environnement qui change constamment, nous devrions continuer à travailler pour l’intérêt commun et nous assurer que la prestation de services à nos membres reste une part importante de notre activité. VNG a été et reste passionnée par l’accomplissement de cette vision d’avenir et s’efforce de l’achever par le biais de la coopération avec ses partenaires internationaux. Par conséquent, nous restons engagés, avec l’implication de chacun. Cette approche inclut un grand nombre d’éléments importants dont fournir un centre d’intérêt à notre travail, l’organisation d’échanges entre les municipalités et le bureau central de leur association représentative, s’assurer de la visibilité du travail du CCRE et de CGLU, et rester un acteur actif dans la communauté européenne.