Avant les Etats généraux des communes et régions d'Europe, qui auront lieu à Cadix, en Espagne, du 26 au 28 septembre 2012, le Conseil des Communes et Régions d'Europe (CCRE) a interviewé son secrétaire général, Frédéric Vallier, sur ce à quoi les participants peuvent s'attendre durant le Congrès.

Quelles réponses les collectivités territoriales peuvent-elles espérer recevoir lors de ce Congrès ?

L’Europe change, la crise offre l’opportunité aux dirigeants européens de redéfinir l’avenir de notre continent, que ce soit d’un point de vue politique, économique ou financier. Ces changements auront un impact important sur nos municipalités et régions et c’est la raison pour laquelle le CCRE croit qu’il est nécessaire d’impliquer tous les acteurs de la gouvernance locale, régionale, nationale et européenne dans un partenariat autour de trois axes principaux : la décentralisation, la démocratie et le développement.

La décentralisation parce qu’en temps de crise, la question de la distribution du pouvoir entre les différentes sphères de gouvernements est à l’ordre du jour dans la plupart des pays européens. De fait, certains gouvernements nationaux ont tendance à re-centraliser les politiques, alors que d’autres annoncent d’importantes coupes budgétaires ce qui limite les capacités des pouvoirs locaux et régionaux. Un nombre important de pays ont également introduit de nouvelles politiques fiscales qui restreignent l’autonomie locale et régionale de nos territoires. Pour relever les défis qui se présentent à elles, les municipalités, villes et régions doivent trouver des solutions innovantes et économiques qui doivent générer une croissance durable et une meilleure qualité de vie pour nos concitoyens. Notre Congrès invite les dirigeants locaux et régionaux à se rassembler pour qu’ils échangent entre eux et apprennent de leurs expériences respectives en direct !

La démocratie parce que nous sommes fermement convaincus qu’il ne peut y avoir de réelle démocratie sans démocratie locale. De fait, les municipalités et régions sont le niveau de gouvernance qui est au plus proche des citoyens et donc le mieux placé pour encourager une participation active de ceux-ci dans la vie locale. Par exemple, plus de 1 300 collectivités ont signé la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. Nous avons prévu une session lors du Congrès pour discuter des nouvelles perspectives de la Charte ainsi que de la mise en œuvre et du suivi des plans d’action pour l’égalité des genres au niveau local. L’intégration des migrants des pays tiers figure également à l’agenda. Cette question est d’importance cruciale pour les élus locaux et régionaux qui pourront échanger avec leurs pairs afin de voir ce que les autres municipalités, villes et régions font en la matière.

Le développement car en ces temps d’instabilité économique et sociale, les dirigeants locaux et régionaux ne peuvent compter que sur leur propre capacité à mobiliser les acteurs de terrain et les citoyens pour lancer de nouvelles initiatives, créer de nouveaux emplois et offrir de nouvelles perspectives à leurs concitoyens, notamment aux jeunes. Seul l’engagement des acteurs et des ressources locales peut garantir le développement durable de nos territoires et optimiser leur potentiel économique.

A qui s’adresse le Congrès ? Est-ce un Congrès d’élus, d’experts ou d’employés de la fonction publique locale ?

Notre Congrès est destiné avant tout aux élus locaux et régionaux européens qui souhaitent échanger directement avec leurs homologues et apprendre les uns des autres. Mais le Congrès est également ouvert aux dirigeants du monde entier, aux représentants des institutions européennes ainsi qu’aux experts des gouvernements locaux et régionaux et de leurs associations.

Quelles sont vos attentes concernant les Etats généraux? Que doit-il s’y passer pour qu’ils soient considérés comme un succès?

Nous voulons donner aux dirigeants locaux et régionaux l’opportunité de participer activement aux différentes sessions afin de trouver des solutions qui peuvent être directement mises en place sur le terrain. C’est pourquoi nous proposons des tables rondes plus dynamiques et au format réduit en plus des sessions plénières traditionnelles. Nous attendons des centaines de participants venant à la fois des petites et grandes villes, des métropoles régionales, des provinces ou départements et des régions, mais aussi des représentants de gouvernements nationaux et des institutions européennes ainsi que des experts dans un grand nombre de domaines. Cette diversité de participants vaut déjà à elle seule le déplacement par la richesse des échanges et des débats qu’elle engendrera !

Vos Etats généraux sont organisés à Cadiz, est-ce que ça influence l’organisation du Congrès ?

Cadix est un site exceptionnel, la ville célèbrant cette année le bicentenaire de la Pepa. En effet, c’est à Cadix que fût signée il y a tout juste deux cent ans la troisième constitution de l’histoire et la première à établir les principes de liberté, de droits civils ainsi que le concept de citoyenneté en Espagne.

De plus, et dans le cadre du Congrès, la Ville de Cadix proposera une série de visites techniques de terrain qui permettront aux participants de découvrir des initiatives et activités innovantes. Les personnes intéressées auront l’opportunité de visiter la plus grande usine de montage de plateforme pétrolière, une centrale solaire de grande taille et de découvrir un programme de formation et d’insertion professionnelle des jeunes dans le secteur nautique.

Cadix « Capitale ibéro-américaine de la culture 2012 », est la première ville non capitale d’Etat à avoir reçu ce titre_long. Dans ce cadre et au regard de la situation géographique de la ville, une session sera consacrée à la coopération décentralisée et aux partenariats entre l’Europe et l’Amérique latine.

De nombreux Congrès sont organisés en Europe. Quelle est la particularité de celui-ci ?

Avec ces 55 associations nationales présentent dans 40 pays européens, le CCRE est la première organisation représentative des pouvoirs locaux et régionaux en Europe. Ce sont plus de 100 000 collectivités locales et régionales qui ont rendez-vous à Cadix par le biais de leurs associations et de leurs élus, c’est ce qui rend ce Congrès unique. Vous ne trouverez nulle part ailleurs une telle opportunité de networking et une telle plateforme d’échanges. Ce sont des élus de toutes les collectivités qui viendront à Cadix pour trouver ensemble des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent dans la gestion de leur ville ou de leur région.

Y a-t-il des nouveautés par rapport aux Etats généraux du CCRE qui ont eu lieu à Malmö en 2009 ?

Cette édition des Etats généraux se veut plus innovante et surtout plus participative que les précédentes. Nos tables rondes des élus permettront à un nombre plus réduit de dirigeants de discuter de problématiques spécifiques et de trouver des solutions ensemble, chaque participant pouvant apporter son expérience et son expertise.

En outre, le CCRE s’est engagé récemment dans une démarche de modernisation et a décidé, dans ce contexte, d’utiliser les nouvelles technologies pour innover tant sur la forme que sur le fond. Des outils internet tels qu’une rubrique de news et un fil-info Twitter (le 'hashtag' à utiliser est #CEMR2012) sont dès à présent disponibles sur le site web du Congrès (www.cemr2012). Ils fourniront des informations actualisées avant, pendant et après les Etats généraux.

Un site web pour téléphone mobile sera également disponible pour les participants afin qu’ils puissent consulter le programme et les actualités directement depuis leur téléphone. Nous invitons donc les participants à apporter et utiliser leur Smartphone, tablette tactile et ordinateur portable plutôt que des documents papier. Nous espérons ainsi réduire notre consommation de papier durant le Congrès.

L'interview est également disponible en anglais et espagnol.