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Accord des Villes Vertes

Transition écologique - 12.07.2021

Cocréer la transition verte avec les villes : une conversation avec Sari Rautio, maire de Hämeenlinna
Sari Rautio est présidente du conseil municipal de Hämeenlinna, une ville moyenne finlandaise, et porte-parole du CCRE pour l'environnement. Elle s’est entretenue avec nous pour parler des nombreuses actions qu’entreprend sa ville pour un avenir durable ainsi que pourquoi elle a signé l’Accord des Villes Vertes. Hämeenlinna offre un exemple parlant de comment les villes dans toute l’Europe contribuent aux objectifs du Pacte vert sur le terrain !

Pouvez-vous nous parler de la ville de Hämeenlinna ?

Hämeenlinna est la plus vieille ville de l’intérieur Finlande, berceau d’histoire et de nature. Nous avons non seulement des forêts, mais aussi plus de 300 lacs sur le territoire de la ville. Hämeenlinna compte 70 000 habitants mais la proximité des grands centres urbains du sud de la Finlande nous permet en quelque sorte de combiner les avantages de la vie urbaine et la vie rurale.

Nous avons une économie diversifiée où figure l’agriculture, l’industrie traditionnelle et des secteurs innovateurs. Beaucoup de gens font l’aller-retour dans les zones voisines pour travailler, d’où l’importance de la circulation routière et des réseaux ferroviaires. Entre la nature, une économie diversifiées et les défis logistiques, nous faisons donc face à de nombreux problèmes environnementaux.
Quelles sont les priorités de la ville dans le domaine de l’environnement ?

Depuis toujours, notre situation nous a amené à être soucieux de la protection de l’environnement. Nous avons déjà commencé à réduire notre empreinte énergétique ces dernières années, mais début 2020 nous avons élaboré une stratégie locale pour devenir neutre en carbone.
Par exemple, le chauffage représente 40 % de nos émissions. Au début de l’année, nous avons donc changé le système de chauffage central, qui est très populaire, afin que 95 % de la chaleur provienne d’énergies renouvelables, en majorité de la biomasse comme le bois. Nous faisons également appel à une entreprise locale qui transforme les déchets en biocarburant.

D’une façon ou d’une autre, nos actions ont toutes des conséquences pour l’environnement. Mais selon vous, comment les gouvernements locaux peuvent inciter les citoyens à jouer leur rôle ?

Je crois fermement à la cocréation avec les citoyens et le secteur privé. C’est ainsi que nous avons développé notre stratégie locale de neutralité carbone. Par exemple, l’entreprise SSAB, qui fabrique de l’acier, gère une grande usine dans notre ville. Cette usine prévoit de devenir neutre en carbone d’ici 2027. Personne ne réussira la transition énergétique seul dans son coin. C’est à travers de telles coopérations que nous pourrons réduire les émissions causées par le chauffage, la circulation routière et l’industrie.

En outre, le troisième élément indispensable est d’inciter les citoyens à choisir une consommation durable. Il y a un vieux dicton à Hämeenlinna « Petites sont les grandes choses et grandes sont les petites ! ». Les plus petites actions peuvent avoir un impact majeur. C’est pourquoi nous travaillons avec les jeunes : nous les sensibilisons aux Objectifs de développement durables (ODD) des Nations Unies et leur apprenons que nous pouvons tous vivre de façon plus durable.

A Hämeenlinna, même si nous voulons tous faire notre part, nous avons un esprit très indépendant. C’est pourquoi les actions de sensibilisation sont si importantes et peuvent avoir un impact considérable.

Hämeenlinna a été l’une des 50 premières villes à signer l’Accord des Villes Vertes, une initiative européenne qui rassemble les villes s’engageant à devenir plus propres, plus saines et plus durables. Pourquoi avez-vous signé l’Accord et quelle est la valeur ajoutée pour les villes selon vous ?

L’Accord des Villes Vertes présente plusieurs avantages pour nous. D’abord, il s’agit de faire l’inventaire de toutes les actions – des plus petites aux plus importantes – que nous prévoyons de conduire dans le domaine de l’environnement, pour les organiser d’une façon cohérente.
Ensuite, c’est une opportunité de faire partie d’une communauté de villes, de comparer les actions menées dans toute l’Europe et d’apprendre les uns des autres. Il est essentiel de comprendre ce qui nous rapproche, mais aussi ce qui nous sépare et pourquoi les choses sont faites autrement ailleurs. Et c’est important de valoriser la coopération européenne.

Enfin, je trouve formidable de promouvoir les actions de chaque ville dans le domaine de l’environnement afin que chacun puisse être fier des progrès accomplis. Encore plus aujourd’hui, alors que nous sommes isolés à cause du coronavirus, on doit pouvoir être fier de notre ville et de ce que nous pouvons réaliser ensemble.

Les institutions européennes adoptent actuellement de nombreuses législations dans le cadre du Pacte vert, y compris dans le domaine du climat, de l’énergie ou du transport. Quel regard local posez-vous sur ces mesures ?

Le plus important, c’est de comprendre qu’il est impossible de négocier ce grand virage en n’impliquant qu’un seul niveau. Les gouvernements nationaux, et l’Union européenne font les lois, mais la mise en œuvre est locale, tout comme les innovations. D’ailleurs, il ne s’agit pas uniquement des gouvernements locaux, mais aussi des entreprises, des ONG et des citoyens. C’est pourquoi il faut impliquer les villes, elles sont le lieu où s’agrègent tous ces acteurs. La cocréation est la clé.

De manière générale, je pense que les objectifs devraient être au centre des législations européennes et nationales, et non les modalités pour les atteindre. Les conditions locales varient énormément et il est parfois encore difficile de dire quel est le meilleur moyen de parvenir au résultat escompté. J’espère qu’une approche pragmatique, axée sur les résultats, sera la nouvelle norme dans les politiques publiques d’ici 2030. Cela changera la donne, en intégrant une dimension plus stratégique.

Quels défis liés à la gestion de l’eau rencontrez-vous en Finlande ? Pensez-vous que le cadre législatif européen est adapté aux préoccupations des gouvernement locaux et régionaux ?

En Finlande, la situation de la gestion des eaux usées est plutôt favorable. Notre plus gros défi est la pollution de la mer Baltique. Au Comité des Régions, je suis à l’initiative du Groupe interrégional Mer Baltique, que je dirige avec d’autres collègues de part et d’autres des côtes baltes. 
Un slogan résume notre objectif : « La Mer Baltique, première mer sans plastique ». Le plastique est un symbole terrible de la pollution et parvenir à l’éradiquer est une véritable source d’inspiration pour moi. Et c’est encore quelque chose qu’aucun pays, aucune administration ne peut faire seul ! Les innovations sont cruciales, tant pour collecter le plastique dans la mer, réformer notre système de gestion des déchets ou produire des matières alternatives durables.

La Finlande est l’un des rares pays qui a impliqué les gouvernements locaux et régionaux dans la préparation de son plan national de relance. Quels genres de projets ont été proposés par les villes et les régions pour progresser vers une transition verte ?

Il y a 18 régions en Finlande et chacune a réalisé son propre plan de relance. Ceux-ci ont ensuite été assemblés dans un plan national. Cette méthode a bien fonctionné. Nous allons financer une vaste gamme de mesures pour les nouvelles industries ferroviaires, l’agriculture et la numérisation qui auront un impact positif sur l’environnement.

Je suis vraiment heureuse que le plan de relance soit si étroitement lié au Pacte Vert. Il faut maintenir ce cap et ne pas laisser les États-membres manquer d’ambition ou choisir la solution de la facilité. Maintenant il s’agit de se mettre au travail, c’est ce qui m’inquiète un peu. Combien de temps faudra-t-il pour financer et mettre en œuvre ces projets ?

Le plan de relance illustre parfaitement comment nous pouvons travailler ensemble pour atteindre de grands résultats. En tant que villes ou même Etats, nous sommes trop petits pour agir seuls. Mais ensemble au sein du projet européen, nous pouvons faire tourner le monde autrement !
 
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