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Gouvernance et citoyenneté

Europe 2030 - 26.04.2018

L'avenir de l'Europe vu par le maire de Rotterdam
Quel avenir pour l'Europe ? Dans un article paru dans le nouvel ouvrage du CCRE « Europe 2030 : Les territoires prennent la parole », le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, parcourt différentes questions qui contribueront à façonner l'avenir du projet européen. Découvrez son analyse ici. 

C'est une tendance mondiale : de plus en plus de mégapoles se développent. Les gens, où qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, trouvent leur avenir dans les zones urbaines. Et cette orientation urbaine renouvelée est également reflétée par les décideurs politiques de l'UE. De nombreuses initiatives ont vu le jour afin d'assurer un développement urbain durable. Mais malgré toutes les meilleures intentions, celles-ci sont restées parcellaires et limitées à quelques secteurs d'activités. 

Ces dernières années, cela a changé. Citons notamment les initiatives telles que les Investissements Territoriaux Intégrés et les Villes et Communautés Intelligentes qui visent à soutenir le développement urbain de manière plus intégrée. Et depuis 2016, nous avons un agenda urbain pour l'UE souscrit par les Etats membres dans le Pacte d'Amsterdam. Cela représente une étape importante pour l'UE car jusqu'à présent, les Traités ne mentionnaient pas le mot « urbain » ou « ville ».

C'est un fait, nous sommes à la veille d'un changement majeur dans nos économies qui conduira le processus d'urbanisation plus loin, et ce sur plusieurs fronts. Mais ce changement sera surtout mené par les villes et les régions.

Changement climatique

Le passage des industries traditionnelles basées sur les combustibles fossiles et les matériaux à une économie plus durable, énergétiquement neutre et circulaire aura des conséquences profondes sur notre fonctionnement.

Dans le même temps, les villes peuvent transformer ce changement en de formidables opportunités d'emploi pour rendre notre mode de vie plus durable. À Rotterdam, par exemple, nous avons lancé le Rotterdam Renovation Fund pour accélérer la rénovation énergétique des maisons privées. Ce programme devrait moderniser 10 000 maisons d'ici 2020, ce qui se traduira par de nombreux nouveaux emplois et apportera une contribution locale forte aux engagements de l'Accord de Paris sur le climat.

Emploi et innovation

Nous ne pouvons plus compter sur les modèles économiques traditionnels ni sur nos systèmes de gouvernance dans les villes et les régions. Nous ne sommes pas en mesure d'adapter nos systèmes à ces vitesses, c'est pourquoi nous devons nous assurer que nos cadres de gouvernance et nos systèmes juridiques sont suffisamment souples pour soutenir le développement de nouvelles entreprises.

Il ne fait aucun doute que la transition vers la nouvelle économie aura de profondes répercussions sur le marché du travail. Par exemple, la robotisation et l'impression 3D en particulier entraîneront des pertes d'emplois dans les industries traditionnelles. Mais en même temps, de nouveaux emplois seront créés qui nécessiteront de nouveaux ensembles de compétences. 

Quelles seront exactement ces compétences ? Nous n’en sommes pas sûrs, mais il est absolument clair que les établissements d'enseignement tels que les programmes de master ou d’apprentissage, et les universités (techniques) doivent être pleinement engagés dans cette transition.

Les gouvernements se sont trop concentrés sur les règles du pacte de stabilité et de croissance. Le déficit budgétaire maximal de 3% semblait parfois être la seule chose qui comptait. Je suis intimement convaincu que l'Union européenne devrait s'aligner, de la même manière, sur un objectif de chômage maximal de 5%. La croissance sans emploi que nous connaissons aujourd'hui dans nos villes fait qu'il est essentiel d'assurer un meilleur équilibre entre rigueur budgétaire et la croissance économique souhaitable socialement.

Migration

Trop souvent, les États membres pointent vers l'Europe quand les choses tournent mal et trop souvent la Commission doit rappeler qu'elle n'a pas les compétences pour intervenir. Même si cela est vrai, nous ne pouvons pas expliquer à nos concitoyens pourquoi les immigrants et les réfugiés sont répartis sur certaines parties de l'Union mais leur intégration est à la charge des villes. Vous pouvez installer des maisons temporaires dans des zones moins urbanisées, mais à la fin ces personnes vont déménager dans les villes à la recherche d'un avenir meilleur.

De par mon expérience personnelle, je sais combien apprendre une nouvelle langue, s’adapter à de nouvelles lois, aux coutumes locales et respecter la constitution peut s’avérer incroyablement difficile. L’intégration, c’est devenir une partie de ce qu’on pourrait appeler la "société du nous", ouverte à de nombreuses identités. En tant que villes, nous sommes les mieux placées pour faire réussir l’intégration. Mais nous avons aussi besoin de toute l’aide que nous pouvons obtenir, et d’aborder ces problèmes collectivement. Regarder ailleurs à cause de raisons officielles, ou autres, ce n'est pas la raison d'être de l'Europe.

Brexit

En regardant l'avenir de l'Europe, nous pouvons déjà voir qu’il est aujourd’hui plus que fragile. Nous en sommes encore à tenter d’appréhender les conséquences du Brexit sur notre avenir. Beaucoup dépendra de la façon dont la relation future sera définie, mais cela nous affectera sûrement. Nous, à Rotterdam, travaillons en étroite collaboration avec plusieurs villes et il existe de solides liens d'affaires entre des entreprises de Rotterdam et celles du Royaume-Uni. Ces liens ne seront pas rompus à cause du Brexit mais seront clairement plus tendus.

Sur ce point également, les villes peuvent faire la différence en Europe. Ne pas adhérer aux procédures formelles, mais examiner comment de nouvelles formes de gouvernance et de coopération peuvent faire la différence. Nous avons besoin de co-création avec les habitants de nos villes. Au lieu de tout décider à l’hôtel de ville, nous devrions permettre aux quartiers de prendre des décisions. Nous avons besoin de plateformes internationales informelles pour relever des défis communs tels que le changement climatique, l'intégration et la transition vers la prochaine économie. Avec de telles villes, fortes, l'Europe résistera à ce que l'avenir apportera.
L'ouvrage « Europe 2030 : Les territoires prennent la parole » est le fruit de deux années de discussions et de débats au sein du CCRE. Il constitue un recueil de contributions de plus de 100 élus territoriaux de toute l’Europe, et une synthèse de nos travaux de réflexion. 

Pour découvrir la synthèse des contributions, c’est ici.
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