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Gestion des déchets et économie circulaire

Economie circulaire - 04.11.2020

Tjisse Stelpstra : « Pour parvenir à une véritable économie circulaire, le changement de mentalité doit basculer vers le paradigme 'zéro déchet' ».
Alors que la Commission européenne a défini de nouvelles actions à mener en matière d’économie circulaire, nous nous sommes entretenus avec Tjisse Stelpstra, ministre régional de la province de Drenthe et porte-parole du CCRE sur l'énergie, pour faire le point sur la place des gouvernements locaux et régionaux dans la mise en œuvre de ce nouveau plan d'action. Nous avons également abordé la question de comment l'économie circulaire peut contribuer à créer un monde plus durable après la pandémie de coronavirus.

Il y a quelques mois, la Commission a mis sur table une série d’actions dans le domaine de l'économie circulaire. Comment les gouvernements locaux peuvent-ils accompagner la transition vers une économie dite circulaire?

Si l’on regarde de prête le nouveau plan d’action de la Commission, il est frappant de voir qu’il ne tient guère compte de la place des gouvernements locaux et régionaux dans ce processus. C'est regrettable car je pense que les villes, municipalités et régions jouent pourtant un rôle considérable en matière d’économie circulaire. Ils disposent de l’expérience et des compétences requises à l’échelle des territoires, au plus près des citoyens. Mentionnons à titre d’exemple la gestion des déchets, de l'eau, l'aménagement du territoire et la construction. De nombreuses bonnes pratiques au niveau local et régional ont été partagées. Les marchés publics circulaires constituent également un levier d’actions pour les gouvernements locaux et régionaux.

Le Comité européen des régions a, dans ce cadre, émis un avis exhortant la Commission  à non seulement financer cette transition, mais plus important encore, à souligner la contribution significative des gouvernements régionaux et locaux au succès du plan d'action. 

Justement, pouvez-vous nous donner un exemple de ce qui est réalisé dans votre province ?

L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de NICE (« Noordelijk Innovatielab Circulaire Economie »). Cette initiative traite de toute une série de questions d'économie circulaire pour les gouvernements, les entreprises, les instituts de connaissances et les citoyens. Son approche est unique car elle met en relation des jeunes pour apporter des solutions à ces défis.

En innovant, en découvrant et en expérimentant, ils contribuent à accélérer la transition vers une économie circulaire. NICE se tourne également vers le milieu professionnel, car elle permet à de jeunes talents de devenir des experts dansle domaine de l’économie circulaire et de se lancer sur le marché du travail. Si je devais donner un exemple de leurs réalisations, je citerais « Drenthe Woont Circulair ». Il s'agit d'un partenariat entre huit sociétés de logement qui explore conjointement les questions liées à la construction circulaire et au cadre de vie. Un laboratoire vivant (living lab) fournit le contexte d'apprentissage par la pratique dans toute la province de Drenthe, sur la base de plusieurs projets de construction concrets. 

Vous êtes le rapporteur de l’avis du Comité des Régions dont nous avons parlé précédemment. En tant qu’élu local, quelles propositions avez-vous formulées pour renforcer la proposition de la Commission ?

Premièrement, nous devons inciter les entreprises à produire de manière circulaire. La responsabilité élargie des producteurs est une stratégie cruciale pour garantir des modèles économiques rentables, dans lesquelles les producteurs adoptent une approche de conception sûre et circulaire (safe and circular by design). 

Ce qui m’amène à la deuxième proposition : éviter le gaspillage. La Commission devrait proposer un objectif absolu  de réduction de production de déchets par habitant ainsi que des objectifs de prévention des déchets pour les entreprises et les industries. En outre, pour parvenir à une véritable économie circulaire, le changement de mentalité doit basculer vers le paradigme « zéro déchet ». Les déchets, cela n’existe pas : ce que nous appelons déchets sont en fait des ressources. Et la COVID-19 nous a montré à quel point nous dépendons des ressources. Alors, gardons-les. Ne gaspillons pas nos déchets.

Enfin, j'appelle également à la mise en place de critères et objectifs en matière de marchés publics écologiques. Je recommande d'élaborer un ensemble d'objectifs d'innovation positive et j'invite la Commission à les étendre pour que les marchés publics deviennent véritablement circulaires. 

Vous appelez également à un développement plus poussé des marchés publics verts, en tant que levier pour faire évoluer l’offre vers des produits et services plus durables. N’y a-t-il pas un risque de complexification des procédures administratives pour les collectivités ? 

La question est en effet de savoir si cela augmente effectivement le fardeau administratif ou non. Mis je ne pense pas. Les marchés publics verts n’engendreront pas plus de travail, mais ils susciteront une approche différente. Malheureusement, cet argument est souvent utilisé comme prétexte pour ne pas se jeter à l’eau. Par ailleurs, je plaide en faveur d'une structuration des organisations administratives davantage tournée vers l'économie circulaire. Cela exige toutefois une éducation et une formation appropriée.

Comment l'UE peut-elle soutenir les gouvernements locaux et régionaux dans la mise en œuvre de ce nouveau plan d’action ? 

Nous savons que de nombreuses collectivités locales et régionales ouvrent déjà la voie vers une économie circulaire. Cependant, il est important de reconnaître que les progrès ne sont pas homogènes à travers l'UE et au sein des États membres. Par conséquent, pour que nos ambitions ne soient pas vaines, nous avons besoin d'objectifs clairement définis. L'un de ceux-ci devrait être de lier l'économie circulaire à la réduction du CO2. Dans ce cadre, j'invite la Commission à accompagner chaque action clé d'un résultat attendu et d'un calendrier ambitieux.

Je pense qu'il est nécessaire de mettre en œuvre à l’échelle de notre continent un objectif de réduction totale de l'utilisation des ressources afin de dissocier l'utilisation des ressources et la croissance. Pour atteindre ces objectifs, une coopération est nécessaire entre les pays et les régions. La Commission devrait activement faciliter et stimuler cette coopération. Elle doit également soutenir les États membres et les régions en fournissant les financements nécessaires.

La crise actuelle a démontré la forte dépendance des pays de l'UE à l’égard des ressources et des produits fabriqués dans d'autres régions du monde. Ce qui est antinomique avec l’idée de la circularité de notre économie. Comment tourner cette page et construire un avenir plus durable post-covid ?

Il est impératif de conserver les ressources en Europe en les réutilisant et en les recyclant. Ainsi, chaque fois que nous en aurons besoin, nous pourrons les utiliser rapidement. Nous devons également redoubler d’efforts pour produire et utiliser des produits locaux, régionaux et européens. La COVID-19 nous a montré que c'était possible. Par conséquent, dans une économie véritablement circulaire, nous serons moins dépendants de nouvelles matières premières sur le long terme.

Afin de réduire la dépendance et de renforcer la sécurité d'approvisionnement, la Commission et les États membres devraient orchestrer la gestion des ressources, notamment en ce qui concerne les matériaux rares et dits critiques. L'évolution vers une plate-forme de politique des ressources de l'UE devrait être explorée.

Les États membres élaborent actuellement leurs plans nationaux de relance. Pensez-vous que le nouveau plan de relance de l'UE fera progresser les investissements en améliorant la circularité ? Améliorera-t-il la capacité d’investissement des gouvernements locaux ?

Je l’espère, assurément. Pendant la crise de la COVID-19, de nombreux financements publics ont été investis et continueront de l'être. Avec ce financement public, certaines conditions peuvent être fixées qui servent l'intérêt public. Mais c’est maintenant que nous devons agir. Car si nous voulons relancer l’économie, nous devons le faire judicieusement. Ne pas rendre le patient de nouveau malade mais le remettre sur pied ! Améliorer l’immunité économique générale et se réveiller plein de vitalité. 
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